Los Angeles_Downtown, 18 décembre 2013      

  

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

                         

Rendez-vous avec Steve Wong. Steve dirige le Chinese American Museum. Il m'explique que les Chinois ont participé à la construction des premiers chemins de fer qui menaient jusqu'à la Cité des Anges. Pourtant le jour l'inauguration, ils n'apparaissent pas sur les photos de presse. Chinois, c'était encore pire que Noir, pire que Mexicain, moins que rien. Il ajoute que pendant longtemps, les femmes chinoises n'avaient pu entrer aux Etats-Unis car les autorités américaines souhaitaient éviter la prostitution de ces immigrées. Ainsi les épouses, les mères, sans distinction considérées comme des prostituées potentielles. Comme si les Chinoises étaient toutes des putes, soupire Steve. Les mariages de Blancs avec des personnes d'origine étrangères étaient interdits dans de nombreux Etats. Et pendant la seconde Guerre Mondiale, l'immigration asiatique a été interdite car on craignait que les Japonais n'entrent ainsi dans le pays… Il m'explique que son père est venu aux Etats-Unis en 1966, au moment où l'immigration asiatique a été de nouveau autorisée. Il fuyait la Chine communiste, où malgré ses efforts, et bien qu'il se soit éloigné de sa famille bourgeoise il était constamment suspect. Il est passé par Hong Kong, puis a finalement franchi le Pacifique. C'est une fois à Los Angeles qu'il a rencontré celle qui est devenue son épouse, et la mère de Steve. Steve me dit que de nombreux Chinois de milieux privilégiés sont arrivés aux Etats-Unis à la même période. C'est ce qui explique que sa communauté se soit facilement intégrée. Ces immigrés-là avaient des qualifications, et quelques ressources qui leur ont permis de commencer une nouvelle vie ici dans des conditions satisfaisantes. Nous visitons ensuite le musée. L'exposition commence par une question : que prendriez vous avec vous si vous partiez pour un pays lointain sans espoir de retour ? Des valises ouvertes et de menus effets sont exposés. Le destin de Chinois ayant fait ce grand voyage est raconté sur un carton. L'un a pris avec lui des herbes médicinales introuvables aux Etats-Unis, l'autre un petit service à thé, une calligraphie, les portraits de ceux qui restent au pays... Menus objets qui disent une vie mieux que mille mots. J'ai les larmes aux yeux.